Ysabel, notre authentique partenaire péruvienne

Partenaire local Pérou

Avant de prendre le chemin retour pour le Pérou, notre partenaire péruvienne Ysabel nous conte son arrivée en France et sa passion pour son pays natal, dont la culture et la population sont si riches sur bien des aspects.

Ton identité

Ysabel, d’où viens-tu ?

Je suis Péruvienne d’origine, je viens de la Cordillère Blanche au nord du Pérou, à 300 km de Lima.

Je suis arrivée en France en 1986, avec un projet un peu farfelu en tête, je voulais aller en Nouvelle-Zélande. Il y a trente-deux ans, les vols directs depuis le Pérou étaient affreusement chers, mais c’est encore comme ça parce qu’il n’y a pas beaucoup de pays d’Amérique latine qui vont directement jusqu’en Océanie. Donc dans ma petite tête je me suis dit, en venant en Europe je peux descendre petit à petit jusqu’à Singapour. Il y avait la route, ça me permettrait de faire un voyage moins cher, de travailler un peu, traverser toute l’Europe et l’Australie, jusqu’à la Nouvelle-Zélande… Sauf que je me suis arrêtée à la première étape et ça dure depuis plus de trente ans !

Aujourd’hui j’ai le projet de repartir vivre au Pérou. Je ne pars pas définitivement, je vais simplement faire l’inverse de ce que je fais aujourd’hui, c’est-à-dire avoir mon lieu d’habitation là-bas et venir ici quand il le faut, une ou deux fois par an peut-être. Je pense que j’ai appris beaucoup de choses ici et j’aimerais partager ça avec mes compatriotes.

Pourquoi avoir décidé de devenir guide touristique au Pérou ?

Lorsque j’étais plus jeune, je suis partie étudier au Brésil. Puis j’ai beaucoup sillonné la partie sud du Pérou et de l’Amérique du Sud. Je me suis aperçue qu’on ne connaissait pas un pays si on ne partageait pas avec ses habitants. C’était ma notion de « connaître ». Et je me suis dit que ce serait bien si on arrivait à monter quelque chose qui rapprochait les gens, qui réunirait les vestiges culturels avec la population actuelle, ça serait vraiment une aubaine. Je n’avais pas conscience que ça existait déjà, qu’il y avait déjà une notion de partage il y a trente ans.

J’ai pensé que je pouvais être utile, comme un pont car je connaissais les deux pays, le Pérou et la France, et que je fais partie des deux aussi. Je pense que le plus grand atout de mon pays, c’est ses habitants et c’est ça que je veux partager avec toutes ses personnes qui viennent nous rendre visite au Pérou.

C’est un projet qui a mûri petit à petit et au fur et à mesure des activités dans ma vie, j’ai rencontré un réseau, j’ai rencontré Vision du Monde et j’ai pu donner forme à ses projets un peu farfelus mais qui nous ont amené à avoir des voyages riches en rencontres et en partages.

Voyage et hébergement chez l’habitant

Le Pérou, ton pays natal

Est-ce qu’il y a quelque chose qui te passionne dans l’histoire de ton pays, dans sa culture ?

Absolument ! Je connais l’histoire ancienne, mais le Pérou c’est beaucoup plus que les Incas. Les Incas, ce sont ceux qui sont le plus proche de nous, la dernière civilisation avant l’arrivée des espagnols et on connaît la suite… Mais avant les Incas, il  y avait déjà de grandes civilisations, les Nazcas, les Paracas, que l’on assimile malheureusement aux Incas. En réalité, les Incas n’ont fait que rassembler beaucoup de connaissances des peuples qui les ont précédé, que ce soient les Tiahuanacos au Sud, les Nazcas au Nord, les Chimús, les Mochicas. On reste fasciné quand on creuse un tout petit peu ce qu’ils arrivaient à faire avec les moyens de l’époque. Les Incas n’ont pas connu la roue et malgré ça, ils ont réussi à faire des choses incroyables. Maintenant on connaît un peu mieux tout ça, mais il faut être dans le contexte pour le comprendre. Je raconterais tout ça lorsque vous serez là-bas !

Est-ce qu’il y a un endroit au Pérou que tu apprécies particulièrement ?

Il y a plusieurs petites régions, mais je suis fascinée par le lac Titikaka, par sa force culturelle… C’est de ce lac qu’est née une grande partie de notre civilisation. Les premiers Incas étaient selon les légendes mari-femme, ou frère-sœur, descendants du Dieu Soleil, et sont sortis de l’écume de ce lac. C’est fascinant quand on le voit si grand, si majestueux, si bleu.

Je suis émue et je considère presque comme un privilège chaque fois que j’y vais. Lorsqu’on réussit à aller jusqu’aux îles, on est très bien accueilli par cette population pourtant timide, pas avenante au premier abord, toute craintive… et souvent ils ont des raisons de nous craindre ! C’est une vraie famille que j’ai découvert là-bas.

Au-delà de Vision du Monde, avec notre association d’aide au Pérou, Pérou Amitié Solidarité, on a tissé des liens très forts avec ces populations-là. Je crois que la région du lac Titikaka c’est celle qui me tient le plus à cœur.

Lac Titicaca Pérou

Vue sur le Lac Titicaca

Ta relation avec vision du monde

Pourquoi avoir choisi de devenir partenaire de Vision du Monde ?

J’ai rencontré Vision du Monde il y a maintenant plus d’une dizaine d’années ! Je l’ai considéré comme partenaire idéal parce qu’elle m’a apporté une expérience de voyage et nous avons créé ensemble plusieurs circuits qui font converger la culture ancestrale et ancienne de mon peuple, et des échanges avec des habitants. Je pense que c’est ça, fondamentalement, qu’on propose dans nos voyages. Le voyage ne se contente pas d’aller découvrir les pré-incas, ou les incas mais aussi un péruvien, et ce péruvien il fait partie d’une époque actuelle mais avec toutes ses racines et coutumes qu’il emmène avec lui.

Le voyage solidaire au Pérou

Quelles sont les éléments qui font la richesse du voyage équitable au Pérou ?

Ce qui intéresse le plus nos voyageurs c’est de trouver un peuple qui a ramené avec lui son histoire. Il y a des villages où nous envoyons nos voyageurs, qui sont figés dans le temps, où on y découvre une vie simple, pleine de couleurs, pleine de musique, et où on peut encore voir la culture vive de notre peuple.

Je souhaite faire découvrir cette joie de vivre avec peu de choses matérielles. Je pense que pour être heureux, nous n’avons pas besoin d’avoir beaucoup mais de partager beaucoup.

Parfois notre société ici a perdu ça de vue, on pense que pour être heureux il faut posséder beaucoup de choses. C’est ça que je veux montrer, et surtout qu’on peut être heureux de partager ça aussi !

Chez l'habitant PérouYsabel avec un habitant péruvien

Ta vision du tourisme solidaire

Quelle est ta vision du tourisme solidaire ?

Je pense que le tourisme solidaire c’est aller à la rencontre d’un pays pour sa beauté, son histoire, et dans cette rencontre trouver toutes ces personnes qui ne font pas partie de ce circuit touristique mais qui sont dans le pays. Selon moi le tourisme ce n’est pas juste aller voir la beauté d’un lieu, les pierres -c’est vrai elles sont jolies ces pierres mais ce en sont que des pierres – mais en rajoutant la rencontre avec une partie de notre population démunie, ça donne ce sens de solidarité. Le tourisme solidaire c’est arriver avec l’envie de rencontrer la réalité de notre pays, pas que l’histoire ancienne, pas que les belles choses modernes que l’on a faites, mais aussi les gens un peu négligés, un peu oubliés qui font partie de mon pays, et que l’on cache. Moi je ne cache pas, être pauvre ce n’est pas une maladie contagieuse, c’est une fatalité, c’est quelque qui nous est tombée dessus comme ça. Je suis née dans un milieu comme celui-ci mais j’ai réussi à m’en sortir en ramenant des touristes, l’expérience et l’intérêt des gens donne envie de progresser.

Comment as-tu développé le projet de développement de la cantine scolaire à Colliqué ?

Les idées naissent comme ça, par la rencontre avec autrui. Depuis que je suis en France, chaque fois que je rentre au Pérou, c’est un vrai déménagement ! Tout ce que je peux récupérer, des vêtements, des chaussures, je l’amène pour le donner là-bas. Et c’est parti de là. Je suis arrivée dans un tout petit village de l’Ardèche, à Saint-Andéol-de-Berg, et là j’ai trouvé des voisines qui me disaient « Mais pourquoi tu fais ça toute seule ? Si tu t’organises on peut t’aider ». Je n’avais jamais pensé que l’on pouvait avoir une association à 5 personnes.

Maintenant le projet a pris de l’ampleur, il y a 82 enfants parrainés, c’est-à-dire des enfants qui mangent tous les jours grâce à un parrain français. Nous avons monté 5 écoles maternelles, nous avons un réfectoire… Beaucoup de choses qui ont été faites avec l’aide de Vision du Monde et bien d’autres partenaires comme la Région Rhône-Alpes, mais je ne pensais pas au début que juste avec cette petite idée de soulager les besoins de certains péruviens, on aurait pu faire autant. Aujourd’hui nous sommes de plus en plus ambitieux.

Ysabel partenaire Pérou

Projet de développement avec les enfants de Colliqué

Nous avons notre premier enfant, que l’on parraine depuis l’âge de 3 ans, qui a fini ses études secondaires et qui fait une prépa pour entrer en fac. Ça m’émeut. C’est réellement avoir fait quelque chose de concret pour quelqu’un. Même si c’est une seule personne, on a sorti de la misère une personne, un jeune. Et ce jeune, ce sera le début de notre chaîne, parce que je pense que personne ne peut rester ignorant. C’est l’éducation de la connaissance qui ouvre l’esprit, la vie, ça donne des ailes. C’est ce que je veux pour ces enfants-là.

Le mot de la fin !

Je voudrais juste dire que c’est un énorme plaisir de recevoir les voyageurs français chez nous, et nous espérons que le Pérou et d’autres destinations dans cette optique pourrons vous plaire !

Un grand merci à Ysabel, notre partenaire péruvienne au français parfait qui nous a partagé son attachement pour son pays natal et ses habitants au grand cœur.

Envie de découvrir les terres andines et rencontrer la population péruvienne ? Rejoignez Ysabel sur nos voyages solidaires au Pérou avec Vision du Monde !

 

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