Le Mexique est une terre d’histoire, imprégnée des cultures aztèques et mayas, dont nous tentons encore aujourd’hui de percer les mystères. A une époque où l’Europe dépérit, plongée dans les ténèbres du Moyen-Âge, la civilisation Maya développe un système d’écriture sophistiqué, étudie l’astronomie et construit des pyramides et des palais majestueux.
Malgré le déclin d’une des civilisations les plus anciennes au monde, le peuple maya, lui, a survécu. Aujourd’hui, une grande partie des peuples d’Amérique Centrale sont en quête de leur passé, de leur idendité, car, comme l’écrivait Victor Hugo : « Qu’est-ce-qu’un fleuve sans sa source ? Qu’est-ce-qu’un peuple sans son passé ? ».
Comprendre l’origine des civilisations préhispaniques
« Les civilisations naissent, vivent et meurent » Michel Onfray.
Olmèques, Zapotèques, Mayas, Aztèques… la disparition des uns a forgé l’identité des autres. Les rites, les traditions et les coutumes ont perduré à travers les âges, pourtant, la conquête espagnole nous a privés d’une grande partie de leur histoire…
Les Olmèques (3000 à 400 av. JC)
Considérée comme la « culture mère » et à l’origine de toutes les civilisations latines, la civilisation Olmèque est florissante de 1200 à 400 av.J-C. Les Olmèques s’installent le long du golfe du Mexique entre les États du Veracruz et du Tabasco, dans une région abondante en caoutchouc, ce qui leur vaudra, par la suite d’être surnommés « peuple de la région du caoutchouc ».
Ils construisent les toutes premières villes d’Amérique Centrale, dont la plus connue est la pyramide de La Venta, et s’intéressent de près à l’astronomie, un savoir qui passionnera les Mayas.
Les Zapotèques (-300 à 700 ap. JC)
Voici ce que Sybille Bedford, journaliste et écrivain britannique du XXe siècle, écrivait à leur sujet : « On ne sait rien des anciens Zapotèques, ce peuple qui a bâti les temples de Mitla et Monte Alban […] ils ont été conçus comme des œuvres d’art, au même titre que Chartres, afin d’obtenir une atmosphère bien précise. Pas dans le but de plaire ; non, mais pour glorifier le système auquel il fallait soumettre le peuple. Ils n’étaient pas censés impressionner par leur splendeur ou leur beauté… Ils n’étaient pas porteur d’espoir, ils devaient vous écraser sous le poids de leur puissance. »
Malgré un héritage grandiose, les Zapotèques restent la civilisation la plus énigmatique aux yeux des archéologues et des historiens.
« La cité où les hommes se transforment en Dieux » (-100 à 700 ap. JC)
Quelle est cette illustre cité ? Il s’agit de Teotihuacán.
Fondée en -100 av JC, cette ville s’est imposée pendant des siècles comme le centre culturel, religieux et commercial de toute l’Amérique Centrale. La pyramide du Soleil est la 3e plus grande pyramide au monde culminant à 70 mètres.
Farouche ennemie des Mayas, Teotihuacán parvient peu à peu à prendre possession de leurs terres et dirige le plus grand empire préhispanique du Mexique. Au VIIe siècle, la cité est pillée, incendiée et abandonnée marquant la fin d’une des plus puissantes civilisations.
Elle a inspiré les Toltèques, puis les Aztèques, guidés par le dieu Quetzalcóatl, le fameux serpent à plumes…
Les Toltèques, « les maîtres Bâtisseurs » (700 à 1200 ap. JC)
Selon les Aztèques, les Toltèques seraient à l’origine de toute civilisation, ce qui leur vaut d’être surnommés les « maîtres bâtisseurs ».
Les Toltèques héritent du culte de Quetzalcóatl de la cité Teotihuacán et des sacrifices humains mayas. Autant de rites et de traditions qui seront repris par les Aztèques.
L’histoire se répète : Tula, le cœur de la civilisation Toltèque, tombe entre les mains d’envahisseurs, encore inconnus aujourd’hui.
Vous pouvez néanmoins vous imprégner de la culture Toltèque en découvrant les vestiges de Tula, au Mexique.
Les Aztèques (1300 à 1500 ap. JC)
Ultime grand empire préhispanique, les Aztèques ont fortement été influencés par les cultures précédentes. Les Aztèques vénéraient les Toltèques et étaient persuadés d’être leurs descendants directs.
Sur le modèle de Teotihuacán, ils construisent Tenochtitlán, « la cité des cités », l’actuelle ville de Mexico, à partir de laquelle ils bâtissent le plus grand empire de l’histoire préhispanique et dominent la majeure partie du Mexique à l’arrivée des conquistadors.
Malheureusement, comme le souligne l’écrivain français Jean-Marie Le Clezio, « La conquête a effacé un héritage qui fait défaut encore aujourd’hui. »
L’évolution de la civilisation maya
La civilisation Maya voit le jour vers 2000 av. J-C, pendant l’époque précolombienne. A partir de la péninsule du Yucatan, les populations s’étendent au sud du Mexique, au Guatemala, à Belize jusqu’à l’ouest du Honduras et du Salvador.
On distingue trois grandes périodes de la civilisation Maya : pré-classique, classique et post-classique. Même si elle a perdu sa grandeur d’antan, il s’agit de la plus ancienne civilisation d’Amérique Centrale qui existe encore de nos jours…
Chronologie des grandes périodes de la civilisation Maya
La période pré-classique (-2000 à 250 ap. JC)
Cette longue période correspond à la genèse de la civilisation Maya. Les populations se sédentarisent, adoptent un mode de vie de chasseur-cueilleurs, développent l’agriculture et le calendrier solaire.
Pendant cette période, les Mayas sont influencés par la culture de Teotihuacán et de la civilisation Olmèque en matière d’art, de religion, d’astronomie et de l’organisation sociale.
L’âge d’or de la civilisation Maya (250 à 900 ap. JC)
Malgré une farouche rivalité avec la ville de Teotihuacán, les Mayas vivent une période prospère et florissante pendant presque 700 ans. D’impressionnantes cités sont construites, d’abord dans les terres du Sud, comme en témoigne les vestiges de Copán, puis plus au Nord avec la cité de Palenque.
Cet âge d’or se traduit par une floraison bouillonnante de l’art, de l’architecture et de la connaissance, notamment en astronomie, mathématiques et astrologie.
Le déclin de la civilisation Maya (900 à 1500 ap. JC)
Cette période marque la fin d’une des plus anciennes et des plus grandes civilisations. Toutes les cités mayas sont désertées, abandonnées vers la fin du VIIIe siècle, peu à peu englouties par la jungle. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que les sites sont découverts et restaurés.
Pourquoi ont-elles été abandonnées ? Pourquoi, cette civilisation en pleine effervescence, s’est-elle dispersée si soudainement ? Les raisons du déclin de la civilisation Maya a fait couler beaucoup d’encre, mais le mystère reste entier…
L’essence de la civilisation MAYA…
« Maya » désigne littéralement le maïs, une céréale qui tenait une place importante dans les mythologies précolombiennes. Les mayas lui accordaient une place si précieuse dans leur vie quotidienne qu’ils se sont eux-mêmes nommés les « hommes de maïs » !
La cité, l’héritage maya
Au moment de leur découverte, les archéologues assimilent ces pyramides aux œuvres égyptiennes. Centre administratif, culturel, politique, commercial et religieux, ces cités régissent le quotidien maya. Rituels religieux, divertissement, cérémonies royales, commerce… tout est concentré au cœur de la cité.
L’architecture de ces monuments est assez remarquable pour l’époque ce qui montre l‘étendue des connaissances et l’incroyable avancée technologique de cette civilisation.
A la différence de Teotihuacán ou des Aztèques, aucun souverain ne domine et ne concentre le pouvoir. L’Empire Maya n’existe pas. Chaque cité est autonome même si la population maya vénère les mêmes dieux, partage les mêmes rites et traditions : ce sont des cités-états. Le pouvoir n’est pas centralisé et perdure sous forme de système féodal. Le monde Maya se compose de plusieurs cités indépendantes : Uxmal, Calakmul, Tikal, Copán et Palenque, qui ont, au fil du temps annexé ou conquis d’autres cités moins importantes.
Palenque, qui signifie « enceinte », est à son apogée pendant le règne de Pakal (615 à 683), sûrement l’un des plus grands souverains mayas. La cité est mystérieusement abandonnée un siècle après son règne.
La jungle a recouvert ses vestiges mais n’ôte en rien le charme de l’ancienne cité.
En général, les souverains mayas se faisaient inhumer sous leur pyramide. Les rois de même dynastie érigeaient une nouvelle pyramide par-dessus celle de son prédécesseur. C’est pourquoi les archéologues ont trouvé plusieurs pyramides construites les unes au-dessus des autres.
Hiérarchisation sociale
Influencée par la civilisation Olmèque, l’organisation sociale maya est bâtie sur trois ordres distincts : la noblesse, le clergé et le peuple.
Le roi gouverne la cité et fait également office de chef religieux. Il est secondé par les prêtres dans les cérémonies. Ces prêtres détiennent les clés du savoir maya telles que l’écriture, la médecine, l’astronomie, les mathématiques. Les notables, quant à eux, rassemblent les chefs militaires et les fonctionnaires chargés de collecter l’impôt dans les cités soumises.
Enfin, située en bas de la hiérarchie, la classe paysanne vit à l’écart de la cité et pourvoit aux besoins des deux autres classes.
Pakal le Grand
Pakal le Grand a régné à Palenque entre 615 et 683 après Jésus-Christ. Il devient roi dès 12 ans et vit jusqu’à l’âge de 80 ans. Il réussit à s’imposer comme le plus grand souverain maya de tous les temps, et nous pouvons apercevoir à Palenque, les victimes de ses sacrifices sculptées dans la pierre autour des édifices. Ils représentent un royaume conquis ou annexés par Pakal.
Au-delà de ses prouesses militaires, Pakal encourage le développement de l’art et la culture tout au long de son règne.
La dette du sang
Dans l’ancien temps, les Mayas croyaient que les dieux les avaient créés à partir de maïs et de sang. Pour les Mayas, le sang est un don des Dieux. Leur vie tourne autour de cette « dette de sang » qu’ils honorent par les sacrifices humains. Tant qu’il y a du sang à offrir, le monde maya continue de tourner. Tous les rituels religieux sont célébrés autour de cet élément sacré.
Le sang est également le prix du pouvoir royal : « Le roi est mort, vive le roi ».
Lors du couronnement, le roi doit s’acquitter d’une dette royale : il recueille son sang et le met sur des bandes de papier qui sont ensuite brûlées. D’après leurs croyances, la fumée qui s’en échappe permet aux dieux d’entrer en contact avec le roi. Cette cérémonie, grandiose et sanguinaire, ne suffit pas à asseoir la souveraineté d’un roi. Pour montrer son courage, son autorité et sa puissance, il lui faut capturer à la guerre les victimes de ses futurs sacrifices.
Dans la culture maya, les guerres entre cités sont fréquentes. Ce n’est pas seulement un moyen de gagner des terres, mais l’occasion d’offrir le sang sacré des hauts dignitaires aux Dieux. Tuer ou être tué : les rois mayas devenaient eux-mêmes la proie d’autres rois mayas.
Un jeu de vie et de mort
Les prisonniers mayas s’affrontent au jeu du ballon : la mort des uns entraîne la survie des autres. Munis d’une balle de 3kg, deux équipes de 7 joueurs doivent garder le ballon en mouvement, sans utiliser les mains et les pieds et sans faire tomber la balle. Le nombre de point à atteindre est défini au début du jeu. Si, par chance, un des joueurs parvient à passer la balle dans l’anneau, il offre la victoire à son équipe.
Les Mayas appréhendaient la nuit : ils craignaient que le soleil ne se lève plus jamais. Selon certaines interprétations, la balle représenterait le soleil, c’est pourquoi sa course ne pouvait être stoppée. Ceux qui interrompaient sa course, devaient être sacrifiés aux Dieux.
Savoirs et connaissances : un système très sophistiqué
Au cours de la période antique, les archéologues ont pu cataloguer 5 systèmes d’écriture. Le système maya était très sophistiqué et seule l’élite maîtrisait son fonctionnement. Suite à la conquête espagnole, 4 Codex seulement ont été sauvés sur des milliers.
Ernst Förstemann parvient à décrypter le système calendaire maya à partir de l’un d’eux : le Codex de Dresde. Il déchiffre dans un premier temps le modèle mathématique, et s’aperçoit qu’il est capable de manipuler de très grands nombres. Les Mayas utilisaient une base de 20 au lieu de compter en dizaine et centaine.
Suite à ce décryptage, Ernst Förstemann tente de comprendre l’astronomie et le calendrier maya. Les Mayas ont inventé la roue calendaire qui se décompose de la manière suivante : une année solaire de 365 jours, un cycle de 20 mois et un cycle de 13 nombres. Tous les 52 ans, les 3 roues sont en phase. En étudiant de plus près le Codex, Förstemann réalise que les Mayas ont pu remonter jusqu’à la date de la création du monde : 3314 avant Jésus-Christ.
Ainsi, les Mayas étaient capables d’organiser leur vie à partir des cycles de la nature. Ils pouvaient prévoir les cycles de semence et de récolte, les jours de guerre, et même les futures éclipses. D’après leur croyance, lors de l’éclipse, le soleil se transforme en jaguar, symbole du pouvoir royal, et parcours les terres mayas. Ils pensaient que le roi, sous sa forme de jaguar, servait d’intermédiaire entre l’inframonde, un monde souterrain, les Dieux et le peuple.
Les mystères de la civilisation maya
La conquête Espagnole : la perte d’un trésor inestimable
A l’arrivée des conquistadors, la civilisation Maya a perdu de son éclat et les cités ont été désertées depuis longtemps. Les populations vivent recluses dans les forêts environnantes, dans l’attente de leur sort…
Le premier débarquement espagnol a lieu en 1517, sur les rives du Yucatan. Hernandez de Cordoba conduit l’expédition mais il est aussitôt chassé des terres Mayas. En 1519, une nouvelle expédition menée par Hernan Cortès, mène de nouveau la flotte espagnole aux portes du monde Maya, l’île de Cozumel. Du Nord au Sud, les conquistadors prennent peu à peu possession des terres, et parviennent à contrôler le Yucatan avant d’étendre leur conquête vers l’Empire Aztèque.
D’autre part, l’évangélisation violente menée par les moines Franciscains contraint les mayas à se soumettre peu à peu. L’ordre religieux fait édifier des écoles, des monastères afin d’inculquer la culture espagnole aux mayas de classe aisée.
Dans les années 1560, Diego de Landa, moine franciscain, tente de réunir, dans son œuvre la Relation des choses du Yucatan, les hiéroglyphes mayas et leur traduction latine. Alors que les conquistadors ont proscrit les rites de sacrifices humains, il apprend que la tradition se perpétue. Il lance l’Inquisition, torture les hérétiques et fait brûler tous les livres mayas considérés comme « des mensonges et des œuvres du diable ».
Selon Linda Schele, professeur d’histoire de l’art aux USA, « si vous voulez changer la vision du monde et dominer un peuple, il vous faut tuer son passé et il vous faut tuer son langage qui lui donne une indépendance d’esprit. » Et c’est ce que Landa a fait.
Aujourd’hui, 80% du Code Maya a été déchiffré, mais le processus de déchiffrage n’est qu’une étape infime dans notre connaissance de l’histoire des Mayas. Le mystère perdure car pour obtenir un tableau complet de leur vision du monde, il faudra encore des siècles.
« Un des cadeaux les plus précieux pour un peuple, quel qu’il soit, c’est son histoire. C’est un cadeau qui situe les gens dans le temps, qui leur donne de la force et une identité. »
Le mythe du déclin
Au cours du VIIIe siècle, toutes les grandes cités sont mystérieusement abandonnées. Plusieurs théories voient le jour et entretiennent le mythe de la civilisation maya.
Certains pensent que la classe paysanne se serait soulevée contre l’élite. Des statues d’hommes puissants ont été détruites et démembrées. Pourtant les statues de Pakal et la cité Palenque ont été épargnées. Le régime a-t-il été totalement renversé ? Le peuple Maya a-t-il voulu préservé l’héritage culturel et artistique ? Nul ne le sait.
D’autres pensent que les cités étaient trop peuplées et que la détérioration climatique, la sécheresse, le manque de pluie ont contraint les populations à partir.
La guerre est une explication possible à cette énigme : prises dans l’engrenage de guerres permanentes, les cités, épuisées, auraient concouru à leur propre déclin.
Une autre théorie plus spirituelle a entretenu l’imagination des archéologues et des historiens. Le monde, né en 3114 av. J-C, était voué à disparaître au bout d’un cycle long de 5 200 années. Selon certaines légendes, les Mayas pouvaient pressentir l’avenir. Ils auraient pressenti cette fin du monde et aurait ainsi contribué à leur propre disparition.
Que s’est-il passé de si terrible ? Invasion, guerres, sécheresse, révoltes, prophétie…tant de mystères qui entretiendront le mythe de la civilisation Maya…
« Elle s’étend devant nous telle une barque brisée au milieu de l’océan. Son nom s’est effacé, son équipage a péri, et nul ne saurait dire d’où elle est venue, à qui elle a appartenu, et combien son voyage fût long ou ce qui a pu provoquer sa destruction. » John Lloyd Stephens
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