Considéré par les habitants comme « le pont des Incas », Q’eswachaca est l’un des ponts suspendus du grand réseau routier qui reliait autrefois l’empire Inca. Bien que la plupart de ces ponts aient disparu après l’invasion espagnole, celui-ci est maintenu en permanence grâce aux compétences et à la connaissance des résidents locaux, qu’ils ont hérités de leurs ancêtres. Les villageois reconstruisent le pont chaque année.
Grâce à leur engagement, le pont n’a pas disparu et reste utilisé.
L’histoire de Q’eswachaca
Le nom du pont est composé de deux mots quechua: q’eswa qui signifie “cordes de paille torsadée” et chaca, qui signifie “pont”. Les membres de la communauté locale ramassent de la paille et ficèlent des cordes de différentes tailles pour maintenir le pont de telle sorte que celui-ci reflète non seulement la nature, mais aussi l’esprit du travail en groupe.
Pendant le règne des Incas, un vaste réseau de routes, de chemins et de ponts reliait chaque partie de leur empire en Amérique du Sud. Là où ces sentiers passaient dans les gorges escarpées des Andes, des ponts suspendus étaient construits en herbes indigènes et en fibres végétales pour permettre aux messagers de circuler sans encombre sur le terrain hostile.
La plupart de ces merveilles ont disparu, sauf une. Pendant cinq cents ans, les techniques traditionnelles de fabrication de ponts ont été transmises de génération en génération dans une petite communauté située à quatre heures de l’extérieur de Cusco, où le dernier pont Inca se balance encore dans le vent à Qeswachaka. Il mesure 27 mètres de long et traverse les gorges au-dessus de la rivière Apurimac à une hauteur d’environ 29 mètres.
Situé stratégiquement entre les communautés de Chaupibamda, Huinchiri, Qowana Qewe et Opercaro, le pont fait partie de la province de Canas du département de Cusco, sur la route qui mène à la région d’Apurimac.
Fête Minka
Le pont est restauré chaque mois de juin par plus de mille personnes. Cet ancien rituel a été reconnu en 2013 par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
En juin, les communautés situées de part et d’autre des gorges commencent un travail communautaire festif, appelé minka. Hommes, femmes et enfants travaillent en harmonie pour reconstruire le pont. Ils le font lorsque les pluies ont cessé et que seul le vent froid souffle sur l’herbe ichu, également appelée « paille forte », qui la sèche et la prépare pour utilisation. Le matin à cette altitude, les tiges sèches de l’herbe sont recouvertes de gelée en raison des forts gels typiques de juin.
De nombreux rituels rythment les festivités : paiement à la Terre-mère, invocation des Apus, seigneur des hautes montagnes, de Huaytamuyu et Quinsañawi, afin qu’au cours des trois jours de travail, ils rejoignent la population et permettent la construction d’un nouveau pont sans aucun accident.
La construction du pont se fait en plusieurs étapes :
- Les femmes tissent de minces cordes appelées Q’eswakuna en quechua. Rapidement, une quantité de corde apparaît des mains très habiles des femmes.
- Ensuite, les hommes tissent toutes les Q’eswakuna ensemble pour former des cordes épaisses, environ l’épaisseur du bras d’un homme.
- C’est lorsque toutes les cordes sont prêtes que l’ancien pont est coupé.
- Pour commencer les travaux, la corde est tendue d’un côté à l’autre de la gorge. Les villageois forment d’abord le sol, puis le pont rénové prend forme.
- Les cordes sont mises en place et toutes les connexions, ainsi que leur tension, sont vérifiées. Et, avec cet effort, le deuxième jour se termine.
- Le troisième jour, les membres de la communauté viennent sur le chantier et étirent le sol du pont pour conclure la construction. D’autres personnes préparent des cordes plus petites pour assembler les côtés du pont, qu’elles commencent à exécuter simultanément des deux côtés.
- Une fois que la construction du pont est achevée, il faut encore le tester. Ce sont les invités spéciaux qui seront les premiers à traverser la rivière d’Apurimac.
Comme vous pouvez le constater, Q’eswachaca est bien plus qu’un simple pont. Il est le symbole de toute une culture, de l’harmonie et d’une protection de la nature, mais c’est aussi un héritage inca datant de plusieurs centaines d’années.
Pour en savoir plus : sur la culture péruvienne, découvrez nos voyages au Pérou en petit groupe de Vision du Monde.